Démence et balance : les kilos de l'oubl

02/02/2005
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La perte de poids est-elle bon signe chez la personne âgée ? On sait que ce n’est pas toujours le cas, dans la mesure où elle peut traduire l’existence de certaines affections graves sous-jacentes. Et il pourrait en être de même pour la démence… C’est ce qui ressort d’une étude effectuée aux Etats-Unis auprès d’une population japonaise, la « Honolulu-Asia Aging Study”.

Les auteurs ont récolté des données auprès de quelque 2000 hommes suivis pendant 34 ans. Ils constatent que la perte de poids est plus fréquente chez les personnes ayant développé une démence. Cette perte de poids, qui s’élève en moyenne à 0,36 kg/an, survient au cours des 6 années qui précèdent l’apparition des signes de démence, avec une accélération de la perte de poids les 3 dernières années.

Dans un éditorial consacré au sujet, Michael Grundman (San Diego) explique que quelques années avant le diagnostic, il y a une altération cognitive peu sévère. Les patients deviennent alors anxieux, irritables et certains mécanismes responsables de l’homéostasie du poids corporel pourraient être affectés. Ainsi, dans la maladie d’Alzheimer, on peut observer une concentration anormalement élevée en leptine (hormone anorexigène), ce qui peut expliquer la diminution des apports alimentaires et donc du poids.

Changements de vie

Les changements structurels au niveau du cerveau survenant dans la maladie d’Alzheimer ont été associés à plusieurs perturbations de la balance énergétique, que ce soit dans le comportement alimentaire, la dépense énergétique, la diminution du besoin énergétique…

Avec l’avancée en âge, il n’est pas rare d’observer une diminution, voire une perte d’appétit. Elle peut être attribuée à une moins bonne appréciation du goût des aliments, une moindre aptitude à faire ses courses, à cuisiner, à manger... Autant de petites choses qui peuvent conduire progressivement à une dénutrition.

Cette nouvelle étude attire l’attention sur le fait qu’en marge du plaisir “esthétique” souvent
ressenti lors d’une perte de poids, il peut être bon de s’interroger sur la cause, et de voir dans quelle mesure l’amaigrissement est souhaitable. Bien que l’on ne puisse pas considérer la perte de poids comme une cause de démence, ces nouvelles données ouvrent la voie à une approche nutritionnelle (un apport nutritionnel énergétique suffisant au maintien du poids corporel) susceptible de réduire la progression de l’affection.

Nicolas Guggenbühl et P. de Voghel

Références : 
Arch Neurol janvier 2005 v

 



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