Boire beaucoup de lait peut-il nuire à la santé ? Nombreux sont ceux qui l’affirment, mais sans la moindre preuve scientifique. Certains auteurs ont déjà formulé l’hypothèse selon laquelle des apports élevés en produits laitiers et en lactose pouvaient augmenter le risque de cancer des ovaires. Mais jusqu'à présent, peu de données accréditent cette hypothèse.
Des chercheurs suédois du Karolinska Institute à Stockholm ont suivi plus de 60 000 femmes âgées de 38 à 76, enrôlées dans la « Swedish Mammography Cohort ». Toutes étaient exemptes de cancer au début de l’étude. Elles tenaient un carnet reprenant la fréquence de consommation de lait, yaourt, fromage, crème glacée ou beurre. La période de suivi atteignait en moyenne 13,5 ans.
Risque doublé
Les auteurs constatent que les adeptes du lait et des produits laitiers ont un risque accru de développer une des formes de cancer des ovaires, le cancer ovarien épithélial séreux (le plus fréquent des trois types de cancer des ovaires). Les femmes qui prennent au moins quatre portions de produits laitiers (tous confondus) ont un risque de cancer séreux des ovaires deux fois plus élevé que celles qui en ingèrent quotidiennement moins de deux. Précisons qu’aucune influence n’apparaît sur les autres types de cancer ovarien.
De tous les produits laitiers, c’est le lait qui présente l’association la plus forte : les femmes qui boivent au moins deux verres de lait chaque jour voient leur risque de cancer séreux des ovaires doublé, par rapport à celles qui ne boivent pas ou peu de lait. Les analyses montrent également une association positive entre la consommation de lactose et le risque de ce type de cancer.
Les auteurs ne sont pas en mesure d’avancer une explication à ces observations. Ils précisent également que leurs résultats doivent être pris avec circonspection, en raison du petit nombre de cancers qui se sont déclarés (266 cancers des ovaires, dont 125 cancers ovariens séreux), ce qui réduit la puissance statistique. Une explication avancée est que le galactose, un des constituants du lactose, pourrait exercer un effet toxique sur les ovocytes, les cellules reproductrices des ovaires. Mais cela reste à prouver, et d’autres travaux sont requis avant de tirer des conclusions et de mettre le lait… en boîte.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Ref :
Larsson SC et al. Am J Clin Nutr 2004;80(5):1353-7.