Bien que la relation entre la consommation de fruits et légumes et la survenue de maladies cardiovasculaires ou de certains types de cancer ait déjà fait l’objet de nombreuses investigations, peu d’études portant sur de grandes cohortes ont été consacrées à l’incidence de ces maladies chroniques prises dans leur ensemble. Walter Willett, de l’Ecole publique de santé publique Harvard, à Boston, et ses collègues ont examiné les données de plus de 100 000 femmes et hommes issus de deux grandes cohortes, la Nurses’ Health Study et la Health Professionals’ Follow-up Study.
Le cœur, pas le cancer
Les résultats montrent que pour les femmes et les hommes confondus, les personnes dans le quintile le plus élevé pour l’apport en fruits et en légumes ont un risque de maladies chroniques majeures (cardiovasculaires et cancers tous sites confondus) légèrement plus faible (- 5 %) que ceux qui consomment le moins de ces végétaux. Alors qu’une association inverse entre l’apport total en fruits et légumes apparaît clairement pour le risque cardiovasculaire, avec une réduction du risque de 18 % pour une augmentation de 5 portions par jour, aucun effet protecteur n’apparaît sur le risque de cancer. En affinant l’analyse en fonction des groupes d’aliments, les auteurs relèvent que ce sont les végétaux à feuilles vertes (laitue, épinard…) qui exercent l’effet protecteur le plus marqué.
Les auteurs précisent que même en l’absence d’un effet documenté sur le cancer, ces données justifient toujours les messages en faveur d’une consommation accrue de fruits et de légumes. Mais il faut bien reconnaître que cette étude sème une certaine confusion sur les relations entre alimentation et cancer. Dans un éditorial, deux chercheurs du National Cancer Institute tempèrent les résultats de cette nouvelle étude, en attirent l’attention sur les nombreuses imprécisions et possibilité de biais qui la caractérisent, notamment pour ce qui est de l’évaluation des apports alimentaires. Et de conclurent que pour l’instant, les preuves sont tout simplement insuffisantes pour déterminer si les fruits et légumes confèrent une protection modeste contre les cancers.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Ref. :
Hung HS et al. J Natl Cancer Inst 2004;96:1577-84.
Schatzkin A et Kipnis V. 2004;96:1564-65.