On connaît l’adage « une pomme par jour éloigne le médecin », et la pomme est un symbole de santé depuis longue date. On lui reconnaît de nombreuses caractéristiques intéressantes, qui sont d’ailleurs largement communes à l’ensemble des fruits (dont la présence d’antioxydants potentiellement protecteurs vis-à-vis du cancer). Mais la pomme n’a pas pour autant fini de surprendre. Des chercheurs de l’INSERM à Strasbourg, dont les travaux ont été présentés lors de la troisième conférence internationale sur les frontières dans la recherche sur la prévention du cancer (Seattle, 18 octobre 2004) ont mis en lumière une nouvelle voie de protection.
Fruit du paradis
L’équipe du Dr Francis Raul s’est intéressée aux polyphénols du fruit du paradis, en faisant la distinction entre deux grandes catégories : les monomères, de petite taille, qui comprennent les flavonoïdes (catéchines et épicatéchines) et ceux de plus grande taille, les oligomères et polymères tels que les procyanidines, que l’on retrouve aussi en abondance dans le vin et le cacao. Ils ont exposé des cellules cancéreuses à ces deux classes de polyphénols, pour évaluer leurs effets sur certains marqueurs cellulaires et sur la croissance tumorale.
Résultats : alors que rien n’est observé avec les flavonoïdes, les procyanidines donnent des résultats dignes d’intérêt : ils déclenchent les signaux cellulaires qui activent une cascade de réactions chimiques aboutissant à l’apoptose, c’est-à-dire à la mort programmée de la cellule. L’apoptose est un phénomène crucial qui permet à l’organisme de contrôler le développement des cellules cancéreuses.
Avec la peau
Forts de ce constat, les chercheurs ont administré des procyanidines de pomme dans l’eau de boisson de rats de laboratoire exposés à un cancérigène pour qu’ils développent un cancer du côlon. Après 6 semaines de ce régime, les rats ayant reçu la mixture de procyanidines présentaient deux fois moins de lésions précancéreuses que ceux abreuvés uniquement avec de l’eau.
C’est la première fois que l’on met ainsi en lumière ce type d’effet anticancérigène basé sur la destruction de cellules cancéreuses. Si cela ne fait pas pour autant de la pomme un vaccin contre le cancer, ces travaux ouvrent la porte à des recherches prometteuses chez l’homme. L’occasion de rappeler que les procyanidines de la pomme de retrouvent surtout dans la peau…
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste