Le vin, surtout le rouge, entretient déjà depuis longtemps d’excellentes relations avec la santé cardiovasculaire. Celles-ci reposent largement sur les observations épidémiologiques montrant que la consommation modérée de vin est associée à une faible mortalité cardiovasculaire, constat souvent repris sou le terme « Paradoxe français ». Mais toute boisson alcoolisée peut revendiquer des effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire, car l’alcool qu’elles contiennent favorise le cholestérol HDL ou « bon cholestérol ». Et bien que le vin, surtout le rouge, contienne des antioxydants (polyphénols), la question de savoir si cette différence à une signification réelle sur le risque cardiovasculaire reste controversée.
Pour la première fois, une étude clinique a comparé les effets de la prise de vin rouge à celle d’une boisson alcoolisée pratiquement dépourvue de polyphénols, à savoir le gin, sur les marqueurs de l’inflammation. L’inflammation est impliquée dans l’athérosclérose (phénomène qui conduit à un rétrécissement du diamètre interne des vaisseaux) et dans les affections coronariennes.
Deux verres par jour
Dans cette expérience, quarante hommes ont été répartis en deux groupes et ont bu quotidiennement, pendant 28 jours, deux verres de vin ou deux verres de gin (apportant la même quantité d’alcool, à savoir 30 g). Après une période de « wash-out » de 15 jours sans alcool, ceux qui ont eu le vin ont bu du gin pendant 28 jours, et inversement.
L’expérience montre que les deux boissons alcoolisées produisent certains effets bénéfiques, notamment en abaissant l’interleukine 1 alpha (de 23 et 21 %, respectivement pour le gin et le vin) et en réduisant le taux de fibrinogène, de 5 et 9 % respectivement. Le fibrinogène est impliqué dans la formation d’un caillot sanguin et il constitue un facteur de risque de crise cardiaque lorsque son taux est élevé. Toutefois, le ballon de rouge fait la différence sur d’autres molécules impliquées dans l’inflammation : les auteurs relèvent que la consommation de vin rouge, contrairement à celle de gin, entraîne une chute drastique de molécules d’adhésion et des protéines dans les monocytes et les lymphocytes (- 27 à - 46 %), ainsi que de la protéine C-réactive (- 21 %).
Bien que cette étude ne prouve pas que le vin bénéficie d’un effet cardioprotecteur au long cours, elle apporte de nouveaux éléments en faveur d’un effet bénéfique du fruit de la vinification, effet qui ne tient pas uniquement à la présence d’alcool.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Ref. :
Estruch R et al. Atherosclerosis 2004 ;175(1) :117-23.