Les protéines ont notamment pour rôle d’assurer la croissance et le renouvellement de nos cellules. Mais comme le dit l’adage, l’excès, quel qu’il soit, est nuisible. Dans nos pays, les protéines occupent déjà une place déjà largement suffisante dans l’alimentation. Et certains régimes en vogue, en particulier ceux de type « Atkins » ou « low-carb », où les viandes, charcuteries, poissons, œufs et fromages peuvent être dévorés en quantités, conduisent à un apport élevé en protéines. Il en va de même pour certaines cures hyperprotéinées (sachets, poudres…), bien qu’elles soient généralement entreprises pendant une période limitée.
Il y a relativement peu d’inconvénients à consommer beaucoup de protéines, même si l’on sait, par exemple, que cela nuit aux reins en cas de diabète. Mais sur base de travaux menés chez la souris, il semble qu’un régime riche en protéines soit nuisible pour la reproduction. C’est en tout cas ce que suggèrent de nouveaux travaux, présentés le 28 juin dernier à l’occasion de la 20e conférence de la Société européenne de reproduction et d’embryologie humaine.
Protéines et ammonium
Les chercheurs ont nourri des souris femelles avec un régime contenant des protéines en quantités soit élevées (25 %) soit normales (14 %), pendant 4 semaines. Les animaux ont ensuite été accouplés et les blastocytes – c’est-à-dire ce qui va devenir l’embryon – formés ont été transférés à des souris consommant une alimentation normale.
L’expérience révèle que les blastocytes issus des animaux avec le régime riche en protéines présentent beaucoup plus d’anomalies au niveau du gène H19, un gène important impliqué dans la croissance. De plus, il y a eu significativement moins d’embryons issus du régime hyperprotéiné qui se sont développés en fœtus. Et parmi ceux qui ont été implantés, 99 % de ceux issus du régime normoprotéiné ont poursuivi leur développement, contre 84 % de ceux du régime hyperprotéiné.
Bien que ces données proviennent de la souris, elles vont dans le même sens que les résultats d’autres travaux. Ainsi, des expériences menées chez la vache et la souris avaient déjà montré qu’un régime riche en protéines entraînait une augmentation du taux d’ammonium dans les voies reproductives. Par ailleurs, l’ammonium affecte le développement d’embryons de souris cultivés en laboratoire.
Cette nouvelle étude incite une fois de plus à la prudence en matière de régime, pas uniquement au cours de la grossesse, mais déjà lors de la période de conception.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste