Du savon contre les diarrhées

07/07/2004
News

Chaque année, ce sont près de 2 millions d’enfants qui meurent des suites d’une diarrhée. Et les conditions d’hygiène sont, bien entendu, aux premières loges de ce funeste record. Le lavage systématique des mains constitue une des mesures d’hygiène fondamentales, et ce n’est pas un hasard s’il est imposé très régulièrement dans la restauration. Certaines études estiment que les interventions visant à promouvoir le lavage des mains permettraient de prévenir la mort d’un million d’enfants chaque année. Seulement voilà, les enfants qui sont le plus à risque sont âgés de moins d’un an, il leur est donc difficile de se laver les mains…

Une étude effectuée à Karachi, au Pakistan, visait à évaluer l’efficacité d’un programme en faveur du lavage des mains, en utilisant un savon normal ou un savon antibactérien. Pour ce faire, deux groupes de 300 familles, représentant respectivement 1523 et 1640 enfants, ont bénéficié de conseils hebdomadaires d’un travailleur de terrain, leur expliquant l’intérêt de se laver les mains après le passage aux toilettes, avant la préparation des repas, avant de manger et de nourrir un jeune enfant. Le premier groupe utilisait du savon ordinaire, le second un savon antibactérien. Un troisième groupe de 306 familles (1528 enfants) n’ayant pas bénéficié d’une telle intervention servait de groupe contrôle. Le programme a duré un an.

Qu’importe le savon…

Les résultats de cette étude sont éloquents : dans le groupe savon, l’incidence des diarrhées chez les enfants de moins de 15 an est de 53 % plus basse que pour les enfants du même âge dans le groupe contrôle. Dans le même sens, le nombre de jour avec diarrhée est de 39 % plus faible chez les enfants « savons », par rapport aux enfants « contrôles ». Ce chiffre atteint 42 % chez les enfants de moins de 5 ans malnutris.

Autre résultat : aucune différence significative n’apparaît entre ceux qui ont utilisé le savon ordinaire et ceux ayant bénéficié du savon antibactérien. Les auteurs expliquent que ce n’est pas tellement étonnant, dans la mesure où l’agent bactériostatique utilisé (le triclocarban) n’est actif que contre certaines bactéries Gram-positif, et pas contre les bactéries, virus ou parasites Gram-négatif responsables de diarrhées infectieuses.

Bref, en matière de diarrhée infectieuse, qu’importe le savon, pourvu qu’on… se lave les mains.

Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste

Ref. : 
JAMA juin 2004.




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