Bien souvent, en matière d'alimentation saine, on sait ce qu'il faut faire, mais on ne le fait pas. Ainsi, on sait qu'une alimentation plus riche en micronutriments et phytochimiques protecteurs, notamment par le biais des fruits et des légumes, apparaît comme un geste préventif vis-à-vis du cancer. Mais encore faut-il pouvoir modifier son alimentation.
Pour tenter de combler le fossé qui sépare la théorie de la pratique, les scientifiques du Cancer Prevention and Control Program de l'Université de Californie, à San Diego (USA) ont mis en œuvre une intervention innovante pour motiver l'adoption d'une alimentation plus saine : la consultation téléphonique. Celle-ci a été instaurée dans le cadre d'une étude visant à prévenir le cancer du sein (The Women's Healthy Eating and Living Study ou WHEL Study).
L'objectif de ces consultations personnalisées visait à adopter une alimentation riche en fibres alimentaires, pauvre en graisses et avec beaucoup de légumes et fruits riches en caroténoïdes et autres phytochimiques protecteurs.
Thérapie comportementale
L'expérience à porté sur 2970 participantes, réparties dans un groupe " intervention " (bénéficiant de consultations téléphoniques personnalisées régulières) ou contrôle (conseils de départ + documents imprimés). Les apports alimentaires ainsi que les taux plasmatiques de différents caroténoïdes (qui reflètent l'apport en fruits et en légumes) ont été évalués au début et après les 12 mois d'expérience.
Les résultats montrent que la technique porte ses fruits. Dans le groupe intervention, la consommation de légumes s'est accrue de 82 %, celle de fruits de 18 %, l'apport en fibre est passé de 3,04 à 4,16 g/MJ, et l'énergie provenant des lipides est tombée de 28,6 à 23,7 % des calories totales. Les caroténoïdes plasmatiques affichent aussi une hausse : + 223 % pour l'alpha-carotène, + 87 % pour le bêta-carotène, + 29 % pour la lutéine, + 17 % pour le lycopène, ce qui confirme les données alimentaires. A l'inverse, aucune évolution des taux de caroténoïdes n'est apparue dans le groupe contrôle.
Cette étude montre donc l'importance d'un suivi personnalisé, basé sur la thérapie comportementale, pour motiver l'adoption de choix alimentaires plus sains.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Ref. :
Pierce JP et al. J Nutr 2004;134(2):452-8.