Hypertension : avec ou sans alcool ?

25/03/2004
News

La relation entre la tension artérielle et la consommation d'alcool connaît une relation de type " J " : d'un côté, une faible consommation est associée à une tension artérielle basse, mais dès que l'on atteint 3 verres et plus par jour, la tension grimpe. Mais si l'alcool fait tant parler de lui, c'est que de nombreuses études s'accordent à lui reconnaître, pour autant qu'il soit présent en quantités faibles à modérées, un effet " cardioprotecteur ". Celui-ci est attribué en partie à un effet favorable sur le cholestérol HDL, le " bon cholestérol ", a une diminution de l'agrégation plaquettaire et une augmentation de l'activité fibrinolytique (réduisant ainsi le risque de caillot sanguin). Sans compter que certaines boissons comme le vin rouge peuvent faire valoir un contenu en antioxydants, ce qui peut aussi agir dans le bon sens.

L'effet de petites quantités d'alcool se fait aussi ressentir sur la mortalité totale, qui se voit diminuée. Mais la grande inconnue, c'est de savoir si ces données peuvent être extrapolées à des patients hypertendus. La prudence est de mise. Ainsi, les récentes recommandations de l'American Heart Association préconisent que les boissons alcoolisées doivent être évitées chez les patients hypertendus.

Plus de 14 000 hommes

C'est précisément pour y voir plus clair qu'une nouvelle étude a été menée chez des personnes hypertendues. Un groupe de 14125 professionnels de la santé hypertendus a été suivi pendant une durée moyenne de 5,4 ans. La mortalité totale et la mortalité cardiovasculaire ont été confrontées à la consommation d'alcool

Les résultats montrent que par rapport aux abstinents, ceux qui consomment des boissons alcoolisées chaque semaine (une à six par semaine) ou chaque jour (une boisson ou plus par jour) ont un risque de mortalité significativement plus faible, respectivement 28 et 27 %. Et le bénéfice est encore plus marqué pour la mortalité cardiovasculaire, plus faible respectivement de 39 et 44 %. Des résultats qui confirment donc que l'effet intéressant de l'alcool, connu chez les personnes non hypertendues, se retrouve de façon comparable en cas d'hypertension.

Précisons que dans cette étude, il y avait très peu de grands consommateurs d'alcool (seuls 3,2 % de l'échantillon buvait 2 verres ou plus par jour), ce qui ne permet pas de mettre en évidence les effets néfastes d'une consommation importante. Si cette étude motive une attitude plus souple en cas d'hypertension, elle ne signifie pas pour autant que les personnes hypertendues qui ne boivent pas d'alcool doivent se mettre à en consommer…

Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste

Réf. 
Malinski MK et al. Arch Intern Med 2004;164:623-628.




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