Plusieurs études ont convergé ces derniers mois pour indiquer une association entre des taux élevés d'homocystéine, les maladies coronaires et l'accident vasculaire cérébral (AVC). Or, l'épuration de cet acide aminé, très agressif pour les artères, implique un trio de vitamines du groupe B : l'acide folique (B9), la pyridoxine (B6) et la cobalamine (B12). D'où l'hypothèse formulée par certains experts de voir agir ces trois vitamines dans la santé du cœur et des vaisseaux.
Des chercheurs de l'Ecole de Médecine de l'Université de Wake-Forest, aux Etats-Unis, ont conduit à cet effet une large étude de supplémentation chez 3680 adultes présentant des antécédents d'AVC sans séquelles. Pendant 2 ans, les volontaires, issus de 56 hôpitaux et cabinets médicaux américains, canadiens et écossais, ont pris une fois par jour soit un supplément fortement dosé en vitamines (25 mg de B6 ; 0.4 mg de B12 ; 2.5 mg de B9), soit un comprimé faiblement concentré (200 mcg de B6 ; 6 mcg de B12 ; 20 mcg de B9).
La formule la plus dosée a diminué les concentrations sanguines en homocystéine de manière plus efficace (même si la différence de 2 mcmol/l est modeste) que la formule allégée, sans toutefois interférer sur le risque de développer un second AVC. En effet, le nombre de patients victimes d' un deuxième AVC ne différait pas entre les deux groupes : 8.1 % contre 8.4 %. Une nouvelle gifle pour les doses pharmacologiques ?
Faibles doses plus efficaces
Toutefois, les auteurs de l'étude ont observé une association persistante et graduelle entre le taux sanguin d'homocystéine mesuré au début de l'étude et le résultat obtenu après 2 ans. Une diminution de 3 mcmol/l des concentrations en homocystéine dans le sang des personnes présentant les plus hauts taux d'homocystéine était associée à une réduction du risque d'AVC ( - 10 %), de maladies coronaires (- 26 %) et de décès (- 16 %) dans le groupe faiblement supplémenté. A l'inverse, aucun effet significatif n'apparaît avec la forme hautement dosée…
La piste des vitamines du groupe B n'est donc pas définitivement refroidie. Des études à long terme sont nécessaires, en se focalisant cette fois chez les personnes présentant une homocystéinémie très élevée, mais certainement avec des doses plus raisonnables, comme celles retrouvées dans notre alimentation.
Nicolas Rousseau
Diététicien nutritionniste
Réf.
Toole JF et al. JAMA 2004 ;291 :523