Les fibres ont du cœur

10/12/2003
News

Les maladies cardiovasculaires sont un fléau dans nos pays industrialisés, où elles représentent la 1ère cause de mortalité. Différents facteurs de risque modifiables et non modifiables sont déjà bien connus, notamment l'âge, le sexe, l'obésité, le diabète, la sédentarité, le tabagisme, l'hypercholestérolémie…. Mais on évoque de plus en plus le rôle de la protéine C réactive (CRP), cette protéine plasmatique qui est un marqueur de l'inflammation. Différentes études ont montré qu'un taux élevé de CRP est associé à un risque accru de maladies cardiovasculaires.

Marqueur de l'inflammation

Il n'en fallait pas plus pour que l'on s'intéresse aux aspects nutritionnels susceptibles d'influencer ce marqueur. Une nouvelle étude rapporte un lien entre l'alimentation, plus spécifiquement les fibres alimentaires et les graisses, et la CRP. Celle-ci a été menée pendant un an auprès de 4900 adultes participants à la " National Health and Nutrition Examination Survey " (NHANES 99-00). Les chercheurs ont évalué l'apport quotidien en énergie, protéines, glucides, fibres, graisses (saturées, monoinsaturées, polyinsaturées) et cholestérol. Ils ont confronté les données de l'anamnèse à celles des taux plasmatiques de CRP. Résultats : l'apport calorique, les protéines, les glucides, le cholestérol ne sont pas corrélés à un risque d'avoir une CRP élevée. Par contre, une augmentation de fibres est clairement associée à une diminution de ce risque. Les personnes consommant le plus de fibres ont un risque d'afficher une CRP élevée qui est 36 % plus bas, par rapport à celles qui mangent le moins de fibres. Les auteurs calculent que pour chaque gramme supplémentaire de fibres, le risque d'avoir une CRP élevée diminue de 2%. La consommation de graisses saturées est également associée, de façon significative, mais moins marquée que pour les fibres, à une CRP élevée.

En marge du cholestérol

L'intérêt d'une alimentation saine dans la prévention des maladies cardiovasculaires est connu depuis longtemps. C'est surtout sur les lipides que l'accent est habituellement placé, tant au niveau de la quantité que de la qualité. Pour les fibres, plusieurs travaux ont déjà rapporté l'existence d'un effet protecteur face au risque cardiovasculaire. Jusqu'à présent, la principale piste reposait sur leur aptitude à réduire légèrement l'absorption intestinale du cholestérol (en particulier pour les fibres solubles telles que celles de l'avoine ou du psyllium). 
Cette étude suggère que les fibres ont cependant plus d'un tour dans leur sac pour mener à une certaine " cardioprotection ". Une raison de plus pour privilégier céréales complètes, fruits, légumes et légumineuses.

Nicolas Guggenbühl, Diététicien Nutritionniste, et Emmanuella Mollet

Réf. : 
King D. et al Am J Cardiol. 2003;92(11):1335-9.




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