Le stress oxydatif, forme d'agression cellulaire causée par des molécules instables, les radicaux libres, est supposé jouer un rôle dans de nombreux processus pathologiques, y compris dans les accidents vasculaires cérébraux (AVC). En conséquence, les antioxydants, terme qui désigne de nombreux composés capables de contrer, de façon directe ou indirecte, ces agressions oxydatives, jouent un rôle plutôt favorable. C'est en grande partie à eux que l'on attribue les effets bénéfiques des fruits et des légumes sur la santé du cœur et des vaisseaux, sur le risque de cancer, etc. Mais pour les AVC, leur rôle reste controversé.
Une étude hollandaise effectuée auprès de la cohorte de la " Rotterdam Health Study " relance l'intérêt pour deux antioxydants, les vitamines C et E, face au risque d'AVC ischémique (la forme la plus fréquente d'AVC). L'échantillon portait sur plus de 5000 femmes et hommes de plus 55 ans et plus vivant dans la banlieue de Rotterdam et exempts de problèmes cognitifs. Ils ont été suivis pendant une période moyenne de 6,4 ans. Les auteurs se sont focalisés sur les apports en antioxydants suivants : vitamine C, vitamine E, bêta-carotène et flavonoïdes.
Fumeurs, à vos kiwis !
Les résultats indiquent qu'un apport élevé en antioxydants est associé à un risque plus faible d'AVC. La relation est dose dépendante et significative pour la vitamine C et, chez les fumeurs seulement aussi pour la vitamine C. Les personnes dont les apports en vitamine C sont les plus élevés (plus de 133 mg par jour) ont un risque d'AVC qui est 33 % plus bas que celui des petits consommateurs de vitamine C (moins de 95 mg/jour). Mais c'est surtout chez les fumeurs que l'effet protecteur se manifeste, avec un risque d'AVC réduit de 73 % chez les grands consommateurs de vitamine C. Toujours chez les fumeurs, ceux qui ingèrent le plus de vitamine E voient aussi leur risque d'AVC diminuer de 23 %, par rapport à ceux qui en ingèrent peu.
A noter qu'aucun effet protecteur n'apparaît pour la prise d'antioxydants sous forme de compléments. Ces données ne permettent pas d'attribuer à coup sûr la protection observée à la vitamine C, mais elles soulignent une fois de plus l'importance d'une alimentation naturellement riche en antioxydants (l'apport en vitamine C est étroitement lié à la consommation de fruits et de légumes).
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Réf. :
Voko Z et al. Neurology 2003;61:1273-1275.