Parkinson : le fer à double tranchant

11/06/2003
News

Pour bon nombre de personnes, en particulier les femmes, la couverture des apports recommandés en fer n'est pas facile à obtenir. Dans nos sociétés de pléthore, la carence en fer est même considérée comme la première carence nutritionnelle. Le développement d'aliments enrichis et le libre accès à des suppléments contenant du fer sont donc, à ce titre, plutôt une bonne chose. Mais il pourrait y avoir un fameux revers à la médaille… 

Aussi indispensable soit-il, le fer est connu pour pouvoir agir comme un oxydant. Et dans l'étiologie de la maladie de Parkinson, les phénomènes oxydatifs pourraient bien contribuer à expliquer la dégénérescence neuronale qui conduit à une diminution de la sécrétion de la dopamine. 

L'hypothèse d'un effet délétère du fer sur le risque de développer la maladie de Parkinson a déjà été suggérée par quelques travaux. Une nouvelle étude vient conforter cette piste. Une équipe dirigée, par un chercheur de l'Université de Washington, à Seattle, a passé au peigne fin les habitudes alimentaires (y compris la prise de suppléments) de 388 personnes chez qui la maladie de Parkinson venait d'être diagnostiquée. Ces données ont ensuite été comparées à celles obtenues auprès d'un groupe « contrôle » composé de 250 personnes du même âge exemptes de la maladie.

Risque doublé

Les résultats indiquent que par rapport à ceux qui ont les apports martiaux les plus bas (quartile inférieur), ceux qui consomment le plus de fer (quartile le plus élevé) affichent un risque relatif qui est de 70 % plus élevé. Un autre oligo-élément, le manganèse, semble renforcer cet effet néfaste du fer : les gens avec un apport supérieur à l'apport médian pour ces deux nutriments voient le risque de développer l'affection pratiquement multiplié par deux. L'auteur principal, Karen M Powers, précise que ces niveaux élevés n'étaient atteints que chez les personnes qui prenaient chaque jour au moins un supplément multivitaminé ou un supplément de fer. 

Le fer se retrouve surtout dans les produits d'origine animale alors que le manganèse est présent surtout dans les végétaux, notamment dans le thé. Ces résultats n'indiquent nullement qu'il faille réduire la consommation d'aliments naturellement riches en fer ou en manganèse. Par contre, ils incitent une fois de plus à la prudence pour ce qui est de la prise non justifiée de suppléments et qui est souvent perçue comme une pratique parfaitement inoffensive.

Nicolas Guggenbühl 
Diététicien Nutritionniste

Réf : 
Power KM et al. Neurology 2003;60:1761-1766




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