Bêta-carotène : fumeurs et buveur, s’abstenir !

28/05/2003
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Le bêta-carotène est le principal caroténoïde retrouvé dans l'alimentation, en particulier dans les fruits et les légumes colorés. Cette pro-vitamine A dotée de propriétés antioxydantes retient l'attention depuis plus d'une trentaine d'années en raison de son potentiel anticancérigène. Il semble donc légitime de tenter d'évaluer ses effets au travers d'études d'intervention. 

Toutefois, cette démarche à jusqu'à présent, donné » des résultats contradictoires. Dans les rangs des espoirs déçus, deux grandes études, ATBC et CARET, menées dans les années quatre-vingt, ont considérablement affaibli les espoirs d'un chimioprévention : dans cette population, composée en majorité de fumeurs, le risque de cancer pulmonaire était significativement accru chez ceux qui prenaient le supplément de bêta-carotène. 

D'autres travaux, notamment la Physicians' Health Study, n'ont cependant pas trouvé la moindre augmentation de l'incidence de cancers avec le carotène. Le bêta-carotène aurait-il une double vie, selon que l'on fume ou pas ? C'est en tout cas ce que suggèrent une nouvelle étude importante publiée récemment dans le Journal of the National Cancer Institute.

Un risque multiplié par 2

Les auteurs ont suivi près de 900 personnes opérées pour des adénomes colorectaux. Il s'agit de lésions bénignes dont certaines peuvent être précurseurs de cancer. Ils les ont réparties de façon aléatoire en 4 groupes : (1) bêta-carotène (25 mg/j) ; (2) vitamine C et E (respectivement 100 mg et 400 mg) ; (3) bêta-carotène + vitamines C et E et (4) placebo. La survenue de nouveaux adénomes colorectaux a été évaluée après 1 an et 4 ans. 

Les résultats montrent que chez les non-fumeurs, le bêta-carotène exerce un effet protecteur : le risque relatif (RR) de développer de nouveaux adénomes recto-coliques est réduit de 44 %, par rapport au placebo. Par contre, chez les fumeurs, c'est l'effet inverse qui se produits : le risque est accru de 36 %. L'effet délétère du supplément est encore amplifié par la consommation d'alcool : les fumeurs qui boivent quotidiennement au moins une boisson alcoolisées voient le risque doublé. 

Bien que cette étude se base sur un marqueur indirect du risque de cancer du côlon, elle montre que les bénéfices de la prise de bêta-carotène ne sont pas les mêmes pour tous et que le tabagisme (surtout associé à la consommation de boissons alcoolisées) fait de la supplémentation en bêta-carotène une pratique à risque. Le comble, c'est qu'en tant qu'antioxydant, le bêta-carotène est souvent préconisé chez les fumeurs…

Nicolas Guggenbühl 
Diététicien nutritionniste

Réf.: 
Baron JA et al. J Natl Cancer Inst 2003;95:717-22.




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