Les fruits et les légumes sont bons pour la santé, c'est bien connu. Les études épidémiologiques montrent que plus la consommation de végétaux est élevée, plus l'incidence des maladies cardiovasculaires et de certains types de cancer est faible.
Malheureusement, dans nos sociétés occidentales, manger des fruits et légumes a parfois un prix, surtout hors saison. Les fruits et légumes sont donc rarement les premiers choix dans les familles à faible revenu.
Une étude anglaise récente montre toutefois que des conseils individualisés peuvent changer les comportements. Elle a été menée auprès de 271 patients âgés de 18 à 70 ans, provenant de classes sociales défavorisées de la City (Londres). Les participants ont été assignés au hasard dans deux groupes : l'un recevait des conseils personnalisés, orientant le discours sur le changement des comportements alimentaires et le « mental training » (motivation individuelle), l'autre, des conseils nutritionnels sur l'importance pour la santé d'augmenter la consommation de fruits et légumes selon le modèle « five a day » (5 portions par jour). Chaque intervention durait 15 minutes et a été répétée après deux semaines.
Changements à la clé
Ces deux approches se sont révélées gagnantes, mais à des degrés divers. Après un an de suivi, la consommation de fruits et légumes avait augmenté d'une portion et demie dans le premier groupe et de 0,9 portion dans le groupe « nutrition ». La proportion de patients mangeant désormais 5 portions de végétaux par jour s'est accrue respectivement de 42 et 27 % dans les deux groupes.
Les auteurs de l'étude ont également mesuré certains marqueurs nutritionnels dans le sang des participants : si, étonnamment, la vitamine C n'avait pas augmenté, ils relèvent une élévation significative du bêta-carotène et de la vitamine E, de puissants antioxydants. Cette montée en puissance de composés bénéfiques était toutefois plus prononcée dans le premier groupe pour le bêta-carotène (+ 90%).
Cette étude montre que des interventions très brèves peuvent facilement modifier nos comportements alimentaires et qu'il est possible d'augmenter significativement la consommation de fruits et de légumes parmi les faibles revenus. Mais le conseil nutritionnel seul porte déjà ses fruits, les résultats sont encore meilleurs en travaillant sur le comportement.
Nicolas Rousseau
Diététicien nutritionniste
Réf.:
Steptoe A et al. BMJ 2003;326:855-858