Le système immunitaire, sorte de «bouclier », défend notre organisme contre des bactéries, des virus et d'autres pathogènes. La restriction calorique altère-t-elle le fonctionnement de ce système de défense ? C'est ce qu'on pourrait penser étant donné que les populations sous-alimentées courent plus de risque d'infection. Cependant, à l'opposé, un apport excessif en énergie peut aussi entraver le bon fonctionnement du système immunitaire. Les travaux menés chez le rongeur suggèrent qu'un régime pauvre en énergie puisse même avoir des effets favorables sur l'immunité cellulaire. Qu'en est-il chez l'homme ?
Une équipe de la Tufts Université (Boston) a étudié, chez 10 sujets hyperlipidémiques, l'effet d'une restriction en lipides, avec ou sans perte de poids. L'étude comportait trois phases de six semaines où l'apport calorique global n'entraînait pas de modification du poids : la première consistait en une alimentation typiquement américaine (lipides = 35 % de l'apport énergétique total – AET), la seconde en une restriction lipidique modérée ((lipides = 26 % de l'AET), la troisième en une restriction lipidique marquée (lipides = 15% de l'AET). Ces trois phases ont été suivies d'une quatrième période, de 12 semaines cette fois, qui consistait en un régime pauvre en graisse avec une restriction énergétique, de façon à réduire le poids corporel. Des tests d'hypersensibilité retardée ont été effectués lors de chaque période.
Les kilos font la différence
Pendant la dernière phase, le poids des sujets a diminué de façon significative. Les niveaux de cholestérol étaient significativement réduits durant toutes les phases, comparés avec le régime de référence. Les sujets suivant le régime combinant restriction en énergie et en lipides ont présenté une hypersensibilité retardée significativement plus élevée, comparée à celle obtenue lors du régime de référence. Une tendance se dessine pour les 2 régimes portant uniquement sur la restriction en lipides, mais elle n'est pas statistiquement significative.
Ces données suggèrent qu'un régime pauvre en graisse (15% de l'AET), pour autant qu'il soit hypocalorique, ne compromet pas la réponse immunitaire et pourrait même l'améliorer.
D. Delestienne et Nicolas Guggenbühl
Réf.:
Santos MS et al. J Am Coll Nutr 2003;22(2):174-182.