Des chercheurs finlandais se sont penchés sur le rapport éventuel entre l'alimentation et les épisodes d'infection du tractus urinaire (ITU) chez la femme. Ils ont étudié 2 groupes de sujets : l'un de 139 personnes qui avaient développé une ITU dans les deux semaines précédentes et le second groupe, composé de 185 femmes qui n'avaient pas contracté d'ITU dans les cinq dernières années.
Après une enquête alimentaire, il est ressorti que les femmes épargnées par ces infections boivent régulièrement plus de jus de fruits frais et mangent plus de yaourt et de fromage que celles de l'autre groupe : les femmes qui consommaient au moins trois fois par semaine des produits laitiers fermentés tels que yaourts et fromages présentent un risque d'ITU près de 80 % plus faible, par rapport à celles qui en mangeaient moins d'une fois par semaine. La consommation quotidienne de 200 ml de jus de fruits est aussi associée à une diminution du risque d'ITU (- 34 %), cet effet étant particulièrement perceptible pour les jus à base de baies (- 72 %).
Probiotique et acidité
Comment expliquer ce constat ? Pour le yaourt et le fromage, les auteurs estiment que ce sont les bactéries vivantes qu'ils contiennent qui, en modifiant favorablement la composition de la flore fécale (effet probiotique), réduisent le risque d'ITU. Quant aux jus, ils contiennent des acides organiques, ce qui leur confère une certaine acidité. Celle-ci protégerait des ITU en créant des conditions peu favorables à la croissance bactérienne.
Cette découverte vient s'ajouter à une précédente piste nutritionnelle contre les ITU. En effet, les mêmes chercheurs avaient déjà rapporté un tel effet protecteur pour le jus de canneberge* additionné de jus d'airelle, deux fruits particulièrement acides et astringents.
Cette nouvelle étude montre que pour les ITU, comme pour de nombreuses pathologies d'ailleurs, produits laitiers fermentés et jus de fruits ont leur place dans une alimentation équilibrée.
D. Delestienne et Nicolas Guggenbühl
* La canneberge est un petit fruit rouge qui ressemble aux airelles, de la famille du bleuet, ne se consommant que cuite, à cause de son acidité élevée et de son astringence
Ref. :
Kontiokari T et al. Am J Clin Nutr 2003;77(3):600-4.