Chaque année aux U.S.A, près de 7.600 patients souffrant d’arthrite décèdent suite à une utilisation abusive d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Or, ce type de médicaments ne permet en aucun cas de guérir de l’arthrite. Le curcuma, et plus spécifiquement l’un de ses composés, la curcumine, pourrait être employée comme alternative aux AINS en rhumatologie, vu son activité anti-inflammatoire.
Les vertus santé du curcuma sont connus depuis déjà bien longtemps en Asie. Son rhizome séché et réduit en poudre constitue une épice très populaire dans la cuisine asiatique. Nommé «haridra» en sanscrit, le curcuma est l’un des principaux ingrédients du cari, un mélange d’épices omniprésent dans la cuisine indienne.
Les peuples d’Asie avaient déjà découvert très tôt que le curcuma, encore appelé «safran des Indes» possédait des propriétés conservatrices. Ainsi, bien avant l’époque des conservateurs synthétiques, le curcuma jouait déjà un rôle primordial en tant qu’additif alimentaire. En médecine traditionnelle asiatique, le curcuma est encore utilisé aujourd’hui pour stimuler la digestion, notamment parce qu’il augmente la sécrétion biliaire. Ces propriétés sont universellement reconnues, si bien que le rhizome est commercialisé dans le monde entier.
Au cours des dernières décennies, des chercheurs ont isolé des substances particulières du rhizome de curcuma auxquelles ils ont donné le nom de curcuminoïdes. La curcumine en est la principale puisqu’elle constitue environ 90% de ces composés. Les curcuminoïdes auraient un grand pouvoir antioxydant et pourraient expliquer certaines indications médicinales traditionnelles de cette plante, notamment en ce qui concerne le traitement de divers troubles inflammatoires comme les douleurs rhumatismales.
En 2010, Henrotin et ses collaborateurs, de l’Université de Liège, ont rassemblé toutes les données de littérature disponibles afin d’évaluer les actions biologiques de la curcumine sur les chondrocytes articulaires.
Les auteurs ont découvert grâce à cette revue de la littérature que l’utilisation de curcumine permettait de préserver les chondrocytes des actions cataboliques de l’interleukine-1bêta (IL-1b) en ce compris la régulation à la hausse des métalloprotéines matricielles, l’inhibition du collagène de type 2 et la régression de l’expression des bêta-1-intégrines (molécules d’adhésion cellulaire).
D’après leurs recherches, la curcumine aurait également la capacité de bloquer la dégradation des protéoglycanes induite pas l’IL-1b, mais également la signalisation AP-1/NF-kb (voie de signalisation impliquée dans l’arthrose), l’apoptose des chondrocytes et l’activation de la caspase-3.
L’ensemble des données provenant d’études in vitro et in vivo recueillies par les auteurs au cours de leur étude suggère donc que la curcumine pourrait être utilisée comme traitement adjuvant chez les humains et animaux de compagnie souffrant d’arthrose, et servir d’alternative aux AINS utilisés actuellement dans le traitement de ce type de pathologie et dont on connaît les nombreux effets indésirables sur la santé (risques d’insuffisance cardiaque, d’hypertension artérielle, de complications digestives et d’atteintes cutanées graves).
De nombreuses études ont été menées afin d’évaluer la pharmacocinétique, la sécurité et l’efficacité de la curcumine chez l’humain. Les résultats issus d’études pré-cliniques ont démontré que la curcumine était remarquablement bien tolérée.
Même à hautes doses, la curcumine s’avère non-toxique que ce soit chez l’animal ou chez l’humain. Une étude clinique de phase 1 évaluant les effets de la curcumine chez des patients à hauts risques de lésions pré-cancéreuses a en effet démontré que la curcumine était bien tolérée, même avec des doses allant de 500 à 8.000 mg par jour pendant trois mois.
Cette tolérance a également été observée au cours d’une étude menée chez des patients souffrant d’un cancer colorectal avancé, chez qui des extraits de curcuma étaient prescrits chaque jour à raison de 440 à 2.200 mg, soit une dose équivalente de 36 à 180 mg de curcumine et ce pendant une durée de quatre mois. Aucune toxicité n’avait alors été observée.
Les résultats de ces études montrent donc que la curcumine ne présente aucun risque de toxicité chez l’humain, même consommée régulièrement, à haute dose, et pendant des laps de temps relativement longs.