Les légumes de la famille des crucifères, dont font partie tous les choux, se sont déjà distingués dans de nombreuses études épidémiologiques, leur consommation étant associée à un risque moindre de certains cancers. Les choux constituent la principale source alimentaire d'isothiocyanates, des composés capables d'aider l'organisme à transformer des composés potentiellement toxiques en molécules inoffensives. C'est probablement cet effet qui permet d'expliquer les observations d'une étude présentée lors du dernier meeting de l'American Association for Cancer Research, qui s'est déroulé ce mois à San Francisco.
Pour deux portions par semaines
Les chercheurs de l'American Health Foundation ont suivi un groupe de 161 fumeurs, hommes et femmes adultes exempts de maladies. Ils ont mesuré dans leur urine les concentrations en trois sous-produits du tabac ( NNAL, NNAL-gluc et la cotinine). Ils ont passé au crible les habitudes alimentaires de cette population pour constater l'existence d'une association inverse entre la consommation de crucifères et les concentrations en ces trois métabolites : celles-ci affichaient une diminution significative lorsque la fréquence d'ingestion de crucifères atteignait au moins deux portions hebdomadaires.
Ces résultats suggèrent que la consommation régulière de crucifères peut aider le fumeur à mieux métaboliser certains composés toxiques. Ils pourraient expliquer des constats antérieurs montrant que les fumeurs consommant beaucoup de choux font moins de cancers liés au tabagisme. Mais que l'on ne s'y méprenne pas, les crucifères ne constituent pas un antidote au tabac ou un alibi pour fumer. Même si l'alimentation peut moduler le risque de cancer, la meilleure façon de réduire les risques de cancers chez le fumeur est d'arrêter de fumer.
Nicolas Guggenbühl