Traditionnellement, la vitamine D est reconnue pour exercer des effets favorables sur l'assimilation et la fixation du calcium dans l'os.
Etrangement, on s'attendait moins à ce qu'elle joue peut-être un rôle dans la prévention du diabète de type 1. En laboratoire, la vitamine D semble agir comme un agent immunosuppresseur, réduisant, dans cette maladie supposée auto-immunitaire, la prolifération anormale de lymphocytes (une famille de globules blancs) et la production de cytokines (des médiateurs de l'inflammation) au niveau du pancréas. Des modèles animaux montrent que l'administration de vitamine D semble, par ce biais, empêcher le développement du diabète de type 1. Cette hypothèse semble maintenant se vérifier chez l'homme.
Du rachitisme au diabète
L'étude en question a été réalisée auprès de 10.821 enfants nés dans les régions de Oulu et de Laponie, dans le Nord de la Finlande. Ces nourrissons ont été suivis jusqu'à l'âge d'un an. La présence d'un diabète de type 1 a été diagnostiquée chez 81 d'entre eux. Les enfants qui ont pris quotidiennement la dose de vitamine D testée (soit 2000 UI ou 50 µg) ont montré une réduction de 78 % du risque de développer un diabète de type 1 à cet âge, comparé aux enfants qui en ont consommé moins. De surcroît, les enfants chez lesquels on soupçonnait la présence de rachitisme présentaient, quant à eux, trois fois plus de risque de développer la maladie par rapport aux enfants en bonne santé. Ces résultats suggèrent que le développement du diabète de type 1 est accéléré par une faible consommation de vitamine D, ainsi que des signes de rachitisme pendant la première année de vie.
Et chez nous ?
Ces résultats peuvent-ils être extrapolés à d'autres populations ? Dans le Nord de la Finlande, il y a seulement deux heures de soleil chaque jour en décembre, contre près de 23 heures de lumière en juin. Selon les auteurs de l'étude, l'existence de gènes de sensibilité pour le diabète de type 1 pourrait contribuer à expliquer cette tendance dans les régions du Nord, où l'on pourrait observer une détérioration des réponses immunitaires en raison d'un statut en vitamine D insuffisant.
Cependant, préconiser des doses plus élevées de vitamine D chez les enfants en bas-âge ne se justifie pas encore chez nous, tant que l'on n'aura pas évalué la toxicité des doses utilisées dans cette étude. En effet, à fortes concentrations, la vitamine D provoque des dépôts anormaux de calcium dans les tissus comme le rein, les vaisseaux sanguins, le cœur et les poumons. En attendant de trouver le juste équilibre entre l'os et la glycémie, mieux vaut donc s'exposer suffisamment au soleil (qui est malgré tout plus généreux chez nous, du moins en hiver) et privilégier les aliments riches en calcium comme les produits laitiers mi-gras, la viande, les œufs ou le poisson.
Nicolas Rousseau
Source :
Lancet 2001; 358 : 1500-03.