En quelques décennies, l’attitude de la médecine à l’égard des patients a bien changé. Du paternalisme qui décidait seul le choix du traitement, le médecin est passé à la collaboration avec son interlocuteur. Les différentes options sont discutées en commun, chacune avec leurs avantages et leurs inconvénients et en fin de compte, c’est le patient qui décide. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles les médecines dites alternatives remportent un succès croissant. Une autre est peut-être que la demande du patient ne se limite pas à un vœu de guérison pour une maladie bien précise. Il veut aussi trouver une écoute que la société lui accorde de moins en moins et dont l’absence entretient en lui un mal-être certain.
Une enquête menée au Royaume-Uni montre que le recours aux médecines alternatives et complémentaires pendant la grossesse est très fréquent: 26,7% des femmes enceintes les utilisent et avec une fréquence croissante à mesure que la grossesse s’avance. Parmi toutes les possibilités, l’homéopathie concerne 14,4% des futures mamans. En France, la prescription de médicaments remboursés au cours de la grossesse, recensée par la base de données EFEMERIS, a nettement augmenté entre 2004 et 2008, avec une progression particulière pour toute une série de secteurs, parmi lesquels figure l’homéopathie. Celle-ci, nous expliquent ses praticiens, ne provoque pas ou peu d’effets secondaires. Ses résultats se manifestent rapidement et elle est aisée à utiliser. Ainsi que l’a montré une enquête récemment menée en Belgique, elle correspond aux attentes d’une partie importante de la population: pas moins de la moitié de nos concitoyens lui font confiance pour traiter les principaux maux rencontrés dans les foyers. La manière de la conseiller consiste à prôner les prises fréquentes au début puis à les espacer dès que l’amélioration est perceptible. Enfin, on arrête lorsque les symptômes sont disparus. On sait que l’homéopathie procède par dilutions: la règle spécifique dit que plus les symptômes sont généraux, plus il faut proposer une dilution élevée (CH élevé, de niveau 15 à 30). Au contraire, plus les symptômes sont localisés, plus les dilutions doivent être faibles. Les basses dilutions sont de 4 ou 5 CH. Chose curieuse, l’homéopathie se voir coller une série d’idées reçues qui sont fausses. Parmi elles, la croyance qu’il ne faut pas prendre en même temps des médicaments allopathiques et homéopathiques ou encore qu’il ne faut pas prendre de menthe lorsqu’on prend des médicaments homéopathiques.
Il existe une série de circonstances dans lesquelles il est de toute façon difficile, voire dangereux, de prescrire des médicaments allopathiques. La grossesse est de celles-là. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il faut se limiter à ne les recommander que dans les situations où il n’y a pas moyen de faire autrement, celles dans lesquelles l’abstention de la prise de ces médicaments entraînerait pour la future maman un risque de décès ou de handicap sérieux. Mais on se souviendra qu’avec beaucoup de ces médicaments, on peut mettre en jeu la vie ou la qualité de vie de l’enfant à venir. C’est d’autant plus vrai que l’on sait aujourd’hui que le placenta n’est pas une barrière infranchissable à toute substance malvenue. Au contraire, il agit comme un site d’échange entre deux circulations, celle de la future mère et celle de l’enfant en formation. Certes ce risque est lié à la nature de chaque médicament considéré individuellement et on dispose d’une somme de données de plus en plus importante. Il faut se référer à des ouvrages spécialisés pour en apprendre le détail. Une série de données générales méritent néanmoins d’être rappelées ici. Dans la population générale, on enregistre des malformations congénitales chez 2 à 3% des enfants, dont moins de 5% ont une étiologie médicamenteuse.
Mais ne nous y trompons pas: chaque cas est un drame de grande ampleur et tout doit être fait pour tenter de l’éviter. Par ailleurs, l’arrêt brutal d’un traitement pharmacologique pour cause de grossesse peut lui aussi provoquer dans l’organisme maternel des désordres nuisibles pour la mère et l’enfant. Enfin, c’est du 13e au 56e jour de la grossesse, soit entre la deuxième et la huitième semaine que le risque est maximal. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucun danger avant cela car si une maman arrête le jour de la conception la prise d’un médicament menaçant pour la grossesse et qui a une demi-vie importante, sa grossesse restera exposée pendant tout un temps. Pour avoir éliminé 96% de la molécule active, il faut cinq fois la demi-vie d’élimination du médicament. Et après la 8e semaine, tout danger correspondant à la prise d’un médicament n’est pas écarté non plus. Les effets de ce médicament se rapprocheront d’autant plus de ceux qu’on observe chez l’adulte, à mesure qu’on se rapproche du terme. Encore faut-il savoir que l’enfant ne réagit pas aux médicaments de la même manière que l’adulte, d’une part, qu’il est en bonne santé alors que sa maman prend le médicament pour raison de maladie, d’autre part. Et chacun sait qu’il n’est pas nécessairement bon de prendre des médicaments quand on n’est pas malade.
Pour toutes ces raisons, on peut penser que l’homéopathie peut trouver sa place dans la prise en charge des ennuis courants de la grossesse. Ceux-ci sont nombreux et peuvent être difficiles à accepter pour la maman. Il est légitime de les soulager il n’y a pas de raison de commencer d’abord par les moyens qui font courir le moins de risque à la grossesse elle-même, quitte à passer à des armes plus lourdes en cas d’échec. L’arsenal homéopathique qui est proposé est vaste et peut répondre à la plupart des situations, sinon toutes, allant des nausées et vomissements, aux jambes lourdes, en passant par les troubles urinaires, les remontées acides et autres hémorroïdes. Des études ont montré qu’il était possible d’obtenir des résultats satisfaisants. Pour ne citer qu’un exemple, nous prendrons celui de Luteinum 15 CH, qui dans une étude portant sur 128 femmes enceintes a permis de faire disparaître les nausées chez 38% des patientes et de les améliorer chez 35% d’entre elles, soit 78% de résultats positifs.