Utilisé depuis longtemps en Asie pour ses nombreux bienfaits, le riz rouge fermenté n’est pas encore bien connu dans nos pays occidentaux. Or, cet aliment si particulier, grâce à la levure servant à sa fermentation, présenterait un avantage sans pareil dans la lutte contre l’hypercholestérolémie.
En Belgique, l’hypercholestérolémie n’est pas un trouble anodin puisqu’il touche environ 82% des femmes et 84% des hommes âgé de 35 à 74 ans. Un des moyens permettant de diminuer sa cholestérolémie est de modifier son alimentation. Parmi les mesures diététiques, la prise de compléments de riz rouge constituerait déjà une mesure efficace pour diminuer sensiblement sa cholestérolémie, au vu de ses nombreux avantages nutritionnels.
Le riz rouge fermenté est traditionnellement obtenu à partir de simples grains de riz mis à tremper dans de l’eau jusqu’à qu’ils en soient saturés. Ils sont ensuite fermentés avec une levure particulière nommée «Monascus purpureus», qui leur confère une belle couleur rouge brillante. Une fois la fermentation terminée, le riz est soit vendu entier sous forme séchée, soit réduit en une fine poudre.
Cette céréale peut être préparée et consommée de la même manière que le riz blanc ou alors être utilisée pour colorer une grande variété de produits alimentaires comme le tofu mariné, le vinaigre de riz rouge,… En plus de ses usages culinaires, le riz rouge est également utilisé en médecine traditionnelle chinoise pour améliorer la circulation, soulager les troubles gastro-intestinaux et prévenir la diarrhée.
On trouve également sur le marché des compléments à base de poudre de riz rouge . Ces derniers sont fabriqués sous température contrôlée et dans des conditions de croissance optimales afin d’optimiser la production d’acides méviniques, aussi connu sous le nom de monacolines, dont la principale est la monacoline K. Cette dernière est chimiquement identique à la lovastatine.
Les patients souffrant d’hyperlipémie reçoivent bien souvent un traitement à base de statines, en complément d’un régime alimentaire adapté. Le problème est que les statines ne sont pas toujours bien tolérées par le patient. Dans 10 à 20% des cas, elles peuvent engendrer des troubles myopathiques allant d’une simple douleur musculaire à une rhabdomyolyse, associée ou non à une insuffisance rénale dans de très rares cas.
Ces troubles pourraient être dus en partie à l’inhibition d’une des étapes-clefs dans la synthèse de la coenzyme-Q10, composante importante de la biochimie mitochondriale. Il s’ensuit une réduction des taux musculaire et sérique de Q10, pouvant contribuer à long terme au développement de myopathies chez le patient.
En outre, chez un patient présentant un historique de troubles musculaires associés à la prise d’une statine, le fait de substituer cette dernière par une autre est susceptible d’entraîner de nouveaux symptômes musculaires. Il faut alors trouver un traitement alternatif mais à l’heure actuelle, aucune approche définitive n’a encore été véritablement arrêtée concernant la prise en charge de patients hyperlipémiques présentant des troubles musculaires associés aux statines.
Une alternative aux statines dans les hypercholestérolémies légères) pourrait être l’utilisation de compléments à base de poudre de riz rouge dont les effets sur la réduction de la cholestérolémie ont été documentés dans plusieurs études. En 2009, une étude contrôlée contre placebo menée par Becker et ses associés démontrait que le riz rouge fermenté était bien toléré par 93% des sujets souffrant de troubles musculaires associés aux statines, sans récidive de myalgie pendant 24 semaines.
Plus récemment, Halbert et ses collaborateurs de la Pennsylvania School of Medicine (U.S.A.) ont mené une étude afin d’évaluer la tolérance de compléments à base de riz rouge fermenté par rapport à une statine particulière, la pravastatine, chez des patients incapables de tolérer les autres statines en raison de myalgies.
Au total, 43 adultes présentant une dyslipidémie et souffrant de myalgies associées aux statines ont été répartis au hasard dans deux groupes distincts, l’un recevant 2400 mg (= à 9,96 mg monacoline K/jour) d’un complément à base de riz rouge fermenté à raison de deux fois par jour, l’autre recevant 20 mg de pravastatine à la même fréquence. L’étude a duré 12 semaines et les sujets ont dû suivre en parallèle un programme de changement de style de vie. Au cours de l’essai, les auteurs ont enregistré les interruptions de traitement pour cause de myalgie, ainsi que la douleur ressentie quotidiennement par les patients, la force musculaire et les taux de lipides sanguins de ces derniers.
Après analyse des résultats, les scientifiques ont découvert que les interruptions de traitement pour cause de myalgies étaient significativement moins fréquentes dans le groupe « riz rouge » comparé au groupe « statine » (5% vs 9%). En outre, la diminution des LDL était légèrement supérieure dans le premier groupe par rapport au second (30% vs 27%). En revanche, concernant la force musculaire et la douleur «moyenne», aucune différence significative n’était visible dans aucun des deux groupes.
Bien que d’autres études soient encore nécessaires pour confirmer ces résultats, ces derniers suggèrent que les compléments à base de riz rouge pourrait s’avérer une alternative efficace aux statines en ce qui concerne la réduction des lipoprotéines de faible densité chez les patients souffrant de myalgies associées à ces médicaments.
Depuis le mois de juillet 2011, l’allégation de santé «pour le maintien d’un taux de cholestérol normal» a été acceptée par l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) en ce qui concerne la monacoline K de poudre de riz rouge. (EFSA; ID 1648,1700 pub: 28/07/2011).
Comme dit précédemment, le fait de suivre un traitement à base de statines peut entraîner une réduction des taux de coenzyme Q10 tant au niveau sérique que musculaire. La monacoline K ayant une action similaire aux statines, elle peut également entraîner une réduction des taux de coenzyme Q10.
Voilà pourquoi, il faudra toujours penser à coupler la prise de compléments contenant de la poudre de riz rouge avec un complément de coenzyme Q10, a fortiori chez les personnes âgées qui constituent la population la plus à risque de déficience en ce micronutriment.