Stevia rebaudiana est une plante originaire d’Amérique du Sud. Ses feuilles présentent la particularité d’avoir une saveur sucrée très prononcée, si bien qu’elle est utilisée depuis très longtemps en tant qu’édulcorant naturel. Chez nous, les produits contenant des glycosides de stéviol issus de Stevia ne sont disponibles sur le marché que depuis peu de temps.
La saveur sucrée des feuilles de stévia est due à la présence dans les tissus de la plante, de substances particulières nommées « glycosides de stéviol ». Ces composés possèdent en effet un pouvoir sucrant bien supérieur à celui du saccharose (entre 100 et 300 fois plus sucrés).
Les quatre principaux glycosides de stéviol présents dans les tissus de la plante (en termes de fraction pondérale) sont le stévioside (5-10%), le rébaudioside A (2-4%), le rébaudioside C (1-2%) et le dulcoside A (0,5-1%). Il existe également d’autres glycosides présents dans la plante, tels que les rébaudiosides B, D et E mais dans des quantités beaucoup plus faibles.
La stévia est originaire du Nord de l’Amérique du Sud (Paraguay et Brésil). Elle a été utilisée pendant des siècles par les Indiens Guarani, qui se servaient de ses feuilles notamment pour adoucir le goût de leurs infusions.
En Europe, ce n’est qu’au 16e siècle que les gouverneurs espagnols ont pour la première fois appris l’existence de la stévia, cette « herbe douce comme du miel » qui était utilisée par les indigènes dans leurs préparations culinaires. Elle ne retint cependant pas leur intérêt à l’époque.
Malgré la description de la plante par le botaniste M.S. Bertoni en 1899 et les premières études menées par le docteur Rebaudi aux alentours de l’année 1900, la recherche et l’utilisation commerciale de la stévia connurent un début assez lent. Ce n’est que bien plus tard, en 1931, que deux chimistes français, Bridel et Lavielle, réussirent à isoler pour la première fois les substances conférant le goût sucré aux feuilles de stévia.
Pendant la seconde guerre mondiale, les alliés ont également essayé d’extraire le stévioside comme alternative au sucre car les approvisionnements s’épuisaient. Malheureusement, les techniques d’extraction de l’époque ne permettaient pas encore la production à l’échelle industrielle d’édulcorant issu de stévia.
Aux environs des années 1970, les restrictions concernant l’utilisation des édulcorants artificiels imposées au Japon ont permis à la recherche de faire un grand bond en avant en ce qui concerne l’extraction des glycosides de stéviol. Actuellement, les glycosides de stéviol sont les édulcorants les plus utilisés sur les marchés japonais et coréen.
Depuis le mois de novembre 2011, les glycosides de stéviol peuvent être utilisés en Europe en tant qu’édulcorants intenses et additifs alimentaires sous le code E960.
De nombreux instances et organismes internationaux ont évalué la toxicité des extraits de Stevia. En 2008 et 2009, le Comité Conjoint des Experts en Additifs Alimentaires de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentaton et l’Agriculture et de l’Organisation Mondiale de la Santé, ainsi que la Food & Drug Administration américaine, ont conclu que les glycosides de steviol purs (à 95%) ne présentaient aucun risque pour la consommation humaine sous forme d’ingrédient médical jusqu’à une dose journalière de 4 milligrammes par kilo de poids corporel.
Plus récemment, en avril 2010, le Panel on Food Additive and Nutrient Source (ANS) de l’Autorité européenne de Sécurité des Aliments a également publié une étude scientifique favorable à l’utilisation des glycosides de stéviol en tant qu’additifs alimentaires.
En plus de cette utilisation comme édulcorant, il semble que les glycosides de stéviol puissent également avoir un intérêt dans certaines pathologies et notamment dans le diabète. En effet, plusieurs études ont été menées afin d’évaluer l’influence de la consommation de glycosides de stéviol sur le métabolisme glucidique. Il semble que ces édulcorants aient une réelle influence sur la glycémie, notamment par stimulation de la sécrétion d’insuline.
Une étude récente menée par Abudula et al. a investigué les effets du rébaudioside A et du stévioside sur la sécretion d’insuline d’ilots isolés de souris. Les auteurs ont découvert que ces deux glycosides avaient la capacité de stimuler la sécrétion d’insuline et ce, de manière dose- et glucose-dépendante. Des études de plus grande ampleur menée chez les humains permettront peut-être de confirmer ces résultats.
Rappelons en tout cas qu’étant des édulcorants intenses, les glycosides de stéviols n’influencent pas la glycémie et peuvent donc être consommés sans risque par les patients diabétiques.