La fréquence de l’arthrose est loin de diminuer dans nos populations. Heureusement, on comprend de mieux en mieux cette affection et on commence à disposer de moyens de lutte. Mais il est indispensable de s’y prendre tôt pour la traiter. Et il faut savoir faire le bon choix thérapeutique.
Faut-il encore rappeler l’extrême fréquence de l’arthrose et son évolution prévisible à la hausse, en raison du vieillissement des populations? Si cette affection touchait environ 4% de la population en 1900, elle faisait souffrir 12,4 % des individus en 1988 et on estime qu’on en sera à 22% dans une quinzaine d’années. Aux Etats-Unis, 6% des adultes de 30 ans et plus sont atteints d’arthrose du genou et environ 3% souffrent d’arthrose de la hanche1. Avec les handicaps qu’elle engendre, la perte de productivité et le coût des traitements qu’elle engendre, l’arthrose constitue une lourde charge pour la société et pour les individus qui en sont affublés. Aussi, la recherche est-elle intensive et les grandes sociétés scientifiques dans le monde qui sont concernées par l’arthrose ont-elles proposé des recommandations pour le traitement. Une catégorie négligéeAu dernier congrès de l’European Society of Clinical and Economic Aspects of Osteoporosis (ESCEO, Rome, 17-20 avril 2013), le Pr Jean-Yves Reginster (ULg) a fait remarquer que l’ESCEO était précisément l’une des rares sociétés de ce type à avoir mis en valeur l’intérêt des SYSADOA2. Cet acronyme signifie “Symptomatic Slow Acting Drugs in Osteo-Arthritis”, ce qu’on pourrait traduire par “médicaments symptomatiques à action lente dans l’arthrose”. A l’heure où on laisse de plus en plus le patient opérer les choix thérapeutiques avec l’aide de son médecin, la prise en compte de ces deux acteurs majeurs du terrain de la santé, à savoir le patient et son médecin, est une démarche prioritaire. On préfère aujourd’hui se fier à la «vraie vie» parce qu’elle correspond à la réalité vécue par ces deux personnages. Les auteurs des guidelines se situent trop souvent loin de cette réalité. C’est sans doute la raison pour laquelle les SYSADOA ont été intensivement étudiés ces dernières années, principalement en cas d’arthrose du genou, l’une des localisations les plus fréquentes de cette pathologie. Il résulte des travaux de recherche que les substances de ce type s’inscrivent dans des programmes d’ensemble comprenant des mesures pharmacologiques et non-pharmacologiques. Le sulfate de glucosamine est l’une de ces substances et on constate aujourd’hui que toutes ses formes galéniques ne présentent pas le même intérêt pour le patient. Il faut donc bien préciser de quelle forme il s’agit lorsqu’on présente ou discute des résultats cliniques. La forme cristalline orale mise au point par le laboratoire Rottapharm – la «glucosamine sulfate microcristalline Rotta»(*) - et préparée selon un procédé breveté, bénéficie grâce à ce procédé d’une stabilité remarquable, ainsi que d’une pharmacocinétique particulière, qui concerne notamment sa biodisponibilité. Prise par voie orale à raison de 1500 mg/j, elle se distingue par son efficacité et sa sécurité, a expliqué au congrès de Rome Lucio Rovati (Italie)3. Des études pivots à long terme4,5 ont montré que l’administration continue de cette forme cristalline de sulfate de glucosamine pendant trois ans permettait de maîtriser les symptômes et de retarder la progression de la dégradation des structures articulaires. L’arthrose des patients concernés par ces études était d’intensité légère à modérée, tant du point de vue symptomatique que sur le plan radiologique. Mais on dispose aussi d’arguments donnant à penser que le sulfate de glucosamine trouve également sa place dans un ensemble thérapeutique comprenant aussi des AINS, aboutissant ainsi à une analgésie plus rapide et plus puissante6. Mécanisme probableChez des patients dont l’affection est plus modérée, un traitement de six mois à l’aide de la même préparation procure un contrôle satisfaisant des symptômes5, ce qui amène à la conclusion que cette préparation microcristalline de sulfate de glucosamine constitue le traitement précoce excessivement bien adapté en cas d’arthrose débutante du genou, qu’il soit accompagné ou non d’analgésiques classiques. Cela va même plus loin, puisque des données préliminaires récentes ont montré que le sulfate de glucosamine diminue la mortalité globale et la mortalité liée à la maladie arthrosique7. On n’en comprend pas encore totalement le mécanisme mais on sait qu’il interfère avec la translocation du facteur de transcription nucléaire NF-κB, ce qui diminue l’expression des gènes pro-inflammatoires, notamment celui de l’IL1, avec une répercussion probable sur la mortalité cardiovasculaire, la mortalité par cancer et la mortalité liée aux affections respiratoires En ce qui concerne l’efficacité de la glucosamine en cas d’arthrose, une chose est certaine, c’est que la glucosamine ne peut exercer ses effets anti-cataboliques, face à cette pathologie, que lorsque sa concentration atteint des taux de l’ordre de 10 micromoles par ml dans le plasma et sans doute aussi dans le liquide synovial La glucosamine sulfate microcristalline Rotta atteint ces niveaux de concentration ce qui permet de comprendre l’efficacité significative qui lui est reconnue en cas de gonarthrose8. Des études de pharmacocinétique pratiquées chez des volontaires sains ont montré qu’à la dose de 1500 mg/j cette préparation atteignait dès la troisième prise des concentrations plasmatiques de l’ordre de 10 micromoles par ml. Ces concentrations restent stables avec des doses orales de 1500 mg/j. La demi-vie d’élimination est de 15h, ce qui permet de s’en tenir à une prise quotidienne9. Chez des patients atteints de gonarthrose, trois heures après la dernière prise de glucosamine sulfate Rotta, à raison d’une dose journalière de 1500 mg pendant 14 jours, la concentration synoviale médiane était dans la zone d’efficacité citée plus haut, soit aux alentours de 10 micromoles/ml10. Non transposablesToutes ces données sont d’autant plus intéressantes du fait que la glucosamine sulfate microcristalline Rotta, dont l’efficacité est ainsi appuyée par des études bien construites mais non transposables à d’autres SYSADOA, y compris les autres formes de sulfate de glucosamine, n’est pas plus couteuse que ses homologues. Voilà donc une série de considérations qui ne manqueront pas d’être utiles à nos patients. (*) Donacom® Références:
1 Felson DT et al. Osteoarthritis: new insights. Part 1: The disease and its risk factors. Ann Intern Med 2000; 17: 133(8): 635-46. 2 Reginster J-Y. The general approach to the patient with osteoarthritis: is a treatment algorithm feasible? European Congress on osteoporosis and osteoarthritis (Rome, 17-20 april 2013). Symposium on the “Management of osteoarthritis: whom to treat, ho wand when?” 3 Rovati L. Glusocaine sulfate in osteroarthritis: which patients and when. European Congress on osteoporosis and osteoarthritis (Rome, 17-20 april 2013). Symposium on the “Management of osteoarthritis: whom to treat, ho wand when ?” 4 Pavelka K et al. Glucosamine sulfate use and delay of progression of knee osteoartthritis: a 3-year, randomized, placebo-controlled, double-blind study. Arch Intern Med 2002; 162(18): 2113-23. 5 Herrero-Beaumont G et al. Glucosamine sulfate in the treatment of knee osteoarthritis symptoms: a randomized, double-blind, placebo-controlled study using acetaminophen as a side comparator. Arthritis Rheum 2007; 56(2): 556-67. 6 Herrero-Beaumont G et al. Use of crystalline glucosamine sulfate in osteoarthritis. Future Rheumtol 2006; 1(4): 397-414. 7 Bell GA et al. Use of crystalline glucosamine and chondroitin in relation to mortality. Eur J Epidemiol 2012; 27(8): 593-603. 8 Towheed T et al. The Cochrane Libray 2009; issue 4. Update of Cochrane Database of Systematic Reviews 2005, Issue 2. Art. No.: CD002946. 9 Persiani S et al. Glucosamine oral bioavailability and plasma pharmacokinetics after increasing doses of crystalline glucosamine sulfate in man. Osteoarthritis Cartilage 2005; 13(12): 1041-9. 10 Persiani S et al. Synovial and plasma glucosamine concentrations in osteoarthritic patients following oral crystalline glucosamine sulfate at therapeutic dose. Osteoarthritis Cartilage 2007; 15(7): 764-72. |